Analyste Crédit

Publié le 07-11-2009
Témoignage : Analyste Crédit
1 – Quels sont les points communs/différences entre votre métier et la Fiche-métier ?

Par rapport à la fiche, j’aurais précisé certains termes. Par exemple, la fiche parle « d’analyser la santé » des entreprises là où j’aurais davantage parlé de diagnostic d’entreprise, soit une démarche plus globale où la stratégie de l’entreprise est considérée en parallèle des aspects financiers. Il y a aussi l’expression de « gestionnaire » qui ne me semble pas très adapté, pour moi il ne s’agit pas de gérer mais d’intervenir dans le cadre de nouvelle demande ou de renouvellement de demande de crédit pour de Grands Clients. La première conséquence est que j’interviens sur seulement 20-25 clients environ (du fait de leur importance). La deuxième conséquence, c’est que je suis spécialisé par type de clientèle et non par type de crédit (nous n’avons pas un analyste pour une opération de swap et un analyste pour une opération de crédit syndiqué).

2 – Qu’aimeriez-vous rajouter/développer par rapport à cette fiche pour bien faire comprendre votre travail à des étudiants/jeunes financiers ?

En tant qu’Analyste Crédit au siège, le travail est moins admnistratif qu’en agence et moins de questions juridiques.
Et puis, comme je l’expliquais plus haut, on passe autant de temps sur l’analyse financière que sur l’analyse sectorielle. Les principaux points que je regarde sont assez simples : activité, l’évolution du cashflow disponible (free cashflow) et la structure du bilan. Pour ce qui est des documents en anglais, ils sont automatiquement traités en Malaisie, le travail est donc plus aisé que pour les sociétés françaises.

3 – Quel est votre parcours ?

J’ai suivi la formation MSG à Dauphine avant de sortir diplômé du DESS Ingénierie Financière de l’ESA de Paris XII. J’ai effectué notamment 3 stages : chez Barclays en gestion de portefeuille, che KPMG en audit et BNP Paribas en Analyse Crédit.

4 – Quelle est votre recommandation pour de jeunes diplômés ?

Il ne faut pas s’inquiéter de l’épaisseur des documents annuels car sur 300 pages (pour certains), je n’en utilise vraiment qu’une cinquantaine. L’épaisseur ne se justifie que pour certains points compliqués relatifs aux IFRS, mais leur contenu est généralement bien expliqué.
Autre point important, les connaissances à acquérir sont vraiment plus tournées vers la comptabilité et la finance que vers le droit et la fiscalité (auxquels je me réfère très peu).
Ce métier a un avantage, c’est que c’est typiquement un point de départ pour un jeune financier du simple fait que l’écart entre l’exercice de la profession et le contenu des cours est très limité mais les perspectives de carrière sont assez étroites : certains évoluent vers des activités commerciales dans la gestion de la relation avec les grands clients (mais ce type de poste est parfois très hiérarchisé ce qui joue sur son intérêt).
Pour ceux qui s’apprêtent à passer des entretiens, chez nous les tests sont simples : questions d’analyse financière (avec l’éternelle question : que regardez vous en premier dans un bilan ?), et test écrit en anglais sous la forme d’un texte des Echos à traduire. L’anglais est primordiale dans une banque internationale comme la notre d’autant plus que notre siège, qui est anglais, consulte et valide tous nos dossiers. On ne demande, malgré tout, pas un niveau de bilingue.
Pour terminer, je m’interesse essentiellement à traiter l’historique des sociétés pour émettre un avis ; la dimension de l’analyse financière qu’est la projection de l’activité s’appuie généralement sur le conscensus des brokers de Thomson One. Cependant, il en sera question particulièrement pour les filiales des groupes et les sociétés concernées par un changement radical de stratégie (ex. : achat par Pernod Ricard d’Allied Domecq l’été 2005 pour EUR 10,7 Mds).

5 – Renseignements :

- journée type
début à 9h puis tout est fonction des dossiers et périodes. Nous avons des délais connus très à l’avance, ceux de juin notamment – libre à nous d’être prêt à cette date quelque soit la quantité de dossier à traiter.
- outils utilisés
Pack Office, logiciels de reportings internes
- vocabulaire
Free Cashflow, turnover, ration net debt sur Ebitda, crédit syndiqué, titrisation, Salle des Marchés …
- moyens d’information habituels
agences de notation (dits de « ratings »), Thomson One (base regroupant les notes de broker des différentes institutions), revue de presse internationale réalisée en interne.

6 – Que pensez-vous de ce qu’on dit de votre métier dans la presse ?

D’un certain côté, mon travail se situe plus du côté de l’analyse financière que de l’analyse crédit. Certes on intervient pour l’octroi (ou le renouvellement) de crédit mais le travail n’est pas seulement centrée sur la transaction. L’Analyste Crédit est un poste énormément recherché car son contenu est très proche du contenu des études.